Krishvy est docteure en études cinématographiques, spécialiste de musique de film.
Elle a obtenu son titre de docteure à la suite d'une cotutelle de thèse internationale entre les universités Paris 8 Vincennes-Saint-Denis et Montréal (UdeM) en 2022, sous la direction de Marguerite Chabrol (P8) et Serge Cardinal (UdeM).
Son expertise a notamment été recherchée par la Philharmonie de Paris en 2022 pour la rédaction d'un livret concernant le compositeur Jō Hisaishi, et ses travaux ont également été discuté dans le cadre d'un séminaire international "Œuvre et virtualité" en 2021, co-organisé par les universités de Montréal (UdeM), Montpellier et Marseille.
En parallèle de participation à des ouvrages collectifs, elle travaille aujourd'hui à un livre qui interroge l'importance de la musique dans la création d'une virtualité d'un personnage dans les œuvres de fiction.
Elle poursuit ses recherches avec le laboratoire de la Création Sonore (UdeM, Montréal), laboratoire de recherche-création dirigé par Serge Cardinal et Frédéric Dallaire qui s'articule autour de trois objectifs : une poïétique de la création sonore, une archéologie audiovisuelle de notre culture de l’écoute, une poétique de l’audio-visuel.
Cursus universitaire
Enseignement et activités de recherche
2021 : Chargée d’un séminaire en master Arts (mention cinéma et audiovisuel) : « Revisiter les classiques : l’exemple de Disney », à l’Université Paris 8.
2019 : Co-scénariste pour « La Voix des Lieux » : installation pour 2 écrans et 5 haut-parleurs, dans le cadre du séminaire de recherche-création Poétiques de l’audio-visuel (co-création) qui réfléchit aux discussions universitaires émergeant au contact des problématiques féministes.
2018 et 2019 : Chargée du cours « Musique et cinéma » en licence à l’Université Paris 8.
2018-2019 : Auxiliaire de recherche pour le laboratoire de la création sonore à l’université de Montéal : référencement de l’ensemble de la documentation sur Zotero pour rendre accessible la collection disponible au laboratoire (plus de 2000 documents).
2019 : Auxiliaire d’enseignement pour un colloque sur la TV Queer, organisé par Joëlle Rouleau et Marta Boni (laboratoire « labotélé », université de Montréal) : représentations, sensibilités, formes et fandom (participation à l’organisation).
Publications et interventions en colloque
Résumé de la thèse
Notre travail concernant Disney s’inscrit dans le champ de la musique de film, et même si le studio a fait l’objet de nombreuses recherches tant sur des questions esthétiques que culturelles, il reste intéressant à étudier, car il peut ainsi devenir l’objet de recherche, non sur l’originalité d’un corpus, mais sur un déplacement de la méthode, nous permettant d’interroger l’idéologie à l’œuvre. Notre thèse concentre son attention sur La Petite Sirène (1989), La Belle et la Bête (1991) et Aladdin (1992) où il nous semble que, en recourant à la recomposition de la musique de certaines séquences des films, nous puissions faire jouer à la part de virtualité du texte filmique un rôle dans cette entreprise critique : retrouver la voix des héroïnes Ariel, Belle et Jasmine. Nous pensons que les lectures préexistantes ont fait le choix de prioriser le récit et que le déplacement proposé par Stanley Cavell dans sa lecture de King Lear, prêtant la cohérence au personnage, nous invite, sur le même modèle, à faire une lecture similaire concernant les films de Disney. Si un geste de recomposition musicale peut nous aider à penser ce rapport au personnage, c’est parce que nous pensons que la musique peut faire entendre la virtualité d’un film (et plus précisément de ses personnages), et devenir par cela un geste d’analyse critique de son idéologie, et ici particulièrement des rapports de pouvoir. Recomposer certaines séquences importantes du film, c’est le rééclairer en reprenant les matériaux musicaux mêmes du compositeur du film (Alan Menken), pour en redistribuer les emphases — notion à laquelle nous ne donnons pas qu’une valeur musicale, mais une valeur philosophique, reprenant à Stanley Cavell cette idée qu’une différence d’accent peut faire toute la différence du monde. La recomposition musicale met en acte les allers-retours indispensables à la compréhension des séquences que nous travaillerons : elle redonne corps aux espaces de résonance du film et compose les affleurements d’une promesse initiale proposée par le film vis-à-vis de son héroïne. Elle aide à réfléchir au film et à ses interactions tout en faisant monter à la surface ladite promesse dont le film cherchait à bloquer l’actualisation. Ces allers-retours nous permettent de retrouver l’importance des numéros musicaux à l’intérieur des films dans lesquelles s’expriment les héroïnes. En prolongeant notre analyse par le prisme de l’intermédialité, nous réfléchissons à la porosité avec la scène de Broadway (ou plus précisément ici avec le off-Broadway) qui permettent des doubles lectures issues des numéros musicaux. L’ensemble de la musique, dans son lien au complexe audio-visuel, nous permet ainsi de réfléchir aux rapports de pouvoir inscrits dans le film.
Mots clés : Musique de film, Recomposition musicale, Intermédialité, Emphase musicale, Alan Menken (1949 -), Howard Ashman (1950-1991), La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin, Stanley Cavell, Disney.